J’ai aimé un cheval – qui était-ce ? – il m’a bien
regardé bien regardé de face, sous ses mèches.
Les trous vivants de ses narines étaient deux
choses belles à voir – avec ce trou vivant qui gonfle
au-dessus de chaque œil.
Quand il avait couru, il suait : c’est briller ! – et
j’ai pressé des lunes à ses flancs sous mes genoux
d’enfant…
J’ai aimé un cheval – qui était-ce ? – et parfois
(car une bête sait mieux quelles forces nous
hantent)
il levait à ses dieux une tête d’airain : soufflante,
sillonnée d’un pétiole de veines.
SAINT-JOHN PERSE